mercredi 30 novembre 2016

C'est vous qui décidez...


À un dîner de bienfaisance pour une école d'enfants ayant des difficultés d'apprentissage, le père de l'un des élèves fit un discours que les personnes présentes ne risquent pas d'oublier. Après avoir vanté les mérites de l'école et de son personnel, il proposa une question :

« Lorsque des influences extérieures n'interfèrent pas avec elle, tout ce que la nature fait est parfaitement exécuté.

Pourtant mon fils, Shay, ne peut apprendre les choses comme les autres enfants. Il ne peut les comprendre comme les autres.

Où est l'ordre naturel des choses dans mon fils ?

L'auditoire était muet de stupéfaction

Le père continua : « je pense que lorsqu'un enfant comme Shay vient au monde, mentalement et physiquement diminué, une opportunité s'offre à lui pour réaliser la véritable nature humaine présente en lui, selon la façon dont les autres traiteront cet enfant. »

Puis il raconta l'histoire suivante :

Shay et moi marchions le long d'un parc ou quelques enfants que mon fils connaissait jouaient au base-ball. Shay me demanda : « Tu penses qu'ils me laisseront jouer ? »

Je savais que la plupart des enfants ne voudraient pas de quelqu'un comme Shay dans leur équipe, mais, comme père, je comprenais aussi que si mon fils était autorisé à jouer, cela lui donnerait le sens d'appartenir à un groupe, ce dont il avait grand besoin et une certaine confiance en lui pour avoir été accepté par les autres, en dépit de ses handicaps.

Je m'approchai de l'un des enfants sur le terrain et lui demandai sans trop d'espoir si Shay pouvait jouer. Le garçon regarda autour de lui en quête d'un avis et dit : « nous perdons de six points et nous en sommes au huitième tour de batte. Je pense qu'il peut venir dans notre équipe et nous essayerons de le mettre à la batte au neuvième tour. »

Shay se dépêcha vers le banc de l'équipe et, avec un large sourire, enfila un T-shirt de l'équipe. J'observais cela avec une petite larme à l'œil, j'avais chaud au cœur. Les garçons  virent ma joie et mon fils fut accepté.

À la fin du huitième tour, Shay enfila un gant et joua du côté droit. Bien qu'aucun tir ne fut dirigé vers lui, il était de toute évidence en extase d'être dans le jeu et sur le terrain, souriant de toutes ses dents alors que je lui faisais signe depuis les gradins.

À la fin du neuvième tour, l'équipe de Shay marqua à nouveau.

Maintenant, avec deux sorties, les bases étaient posées pour remporter la manche et Shay était prévu pour être le prochain à la batte. À ce tournant du match, laisseraient-ils Shay à la batte, abandonnant ainsi leurs chances de gagner la partie ?

Étonnamment, Shay reçut la batte. Tout le monde savait que le coup était impossible puisque Shay ne savait même pas la tenir correctement et encore moins frapper la balle.

Néanmoins, alors que Shay se tenait debout sur le plateau, le lanceur adverse, se rendant compte que l'autre équipe avait abandonné la victoire en faveur de cet instant de la vie de Shay, bougea de quelques pas pour lober doucement la balle afin que Shay puisse au moins la toucher.

Le premier jet arriva et Shay swinga maladroitement et la rata.

Le lanceur fit encore quelques pas dans sa direction pour lancer doucement la balle vers Shay

Lorsque la balle arriva, Shay swinga et frappa une balle lente et basse, juste derrière le lanceur.

La partie aurait dû être finie.

Le lanceur alla chercher la balle et aurait pu facilement l'envoyer au premier homme de base.

Shay aurait été éliminé et çaurait été la fin de la partie.

Au lieu de ça, le lanceur lança la balle juste au-dessus de la tête du premier homme de base, hors d'atteinte de tous les gars de son équipe.

Tout le monde dans les gradins, tous supporters confondus, commencèrent à crier : « Vas-y Shay, cours vers la premiere ! Cours vers la premiere ! »

Jamais de sa vie Shay n'avait couru aussi vite, mais il atteint la première base.

Il descendit la ligne de base en galopant, les yeux grands ouverts, l'air étonné.

Tout le monde cria : « Cours vers la seconde, cours vers la seconde ! »

Prenant son souffle, Shay courut maladroitement vers la seconde, suant et soufflant pour atteindre la base.

Pendant que Shay tournait vers la seconde base, le joueur de champ droit avait la balle. Le plus petit gars de leur équipe avait maintenant sa première chance d'être le héros de son équipe.

Il aurait pu lancer la balle au second baseman pour marquer, mais il comprit les intentions du lanceur, alors, lui aussi lança intentionnellement la balle loin et haut au-dessus de la tête du troisième baseman.
Shay courut, fou de joie, vers la troisième base, alors que les coureurs, devant lui contournaient la base, retournant dans leur camp.
Tous criaient : « Shay, Shay, Shay, vas-y à fond Shay ».

Shay atteignit la troisième base parce que le court arrêt de l'équipe adverse lui permit d'y parvenir. Elle criait : « Va vers la troisième, Shay, va vers la troisième ! »

Alors qu'il contournait la troisième, les garçons des deux équipes et les spectateurs étaient debout criant : « allez Shay, retourne dans ton camp ! Retourne dans ton camp ! »

Shay courut vers son camp, se tint debout sur le plateau et fut acclamé comme le héros qui avait remporté le Grand Chelem et gagné la partie pour son équipe.

« Ce jour-là » dit doucement le père avec les yeux pleins de larmes, « les garçons des deux équipes ont permis au véritable amour et à l'humanité de prendre place dans ce monde. »

Shay ne passa pas l'été suivant. Il mourut cet hiver-là, sans avoir oublié qu'il avait été le héros et m'avait rendu si heureux, qu'il était rentré à la maison et qu'il avait vu sa maman en larmes embrasser son petit héros du jour !

Et voici maintenant, une petite conclusion à cette histoire :

nous envoyons tous des milliers de plaisanteries par e-mail sans plus y penser, mais lorsque le moment est venu d'envoyer des messages concernant des choix de vie, les gens hésitent.

Le grossier et le vulgaire -et souvent l'obscène- traversent librement le cyberespace mais les discussions publiques sur la décence sont trop souvent bannies de nos écoles et de nos lieux de travail.

Si vous pensez à faire circuler ce message, il y des chances que vous sortiez du lot de ceux de votre agenda auquel ce type de message ne s'adresse pas. Bien sûr, la personne qui vous envoie ça suppose que vous pouvez faire la différence.

Nous avons tous des milliers d'opportunités dans une seule journée d'aider à l'accomplissement de « l'ordre naturel des choses. »

Ainsi, de nombreuses interactions banales entre deux personnes nous offrent ce choix.

Est-ce que nous communiquons cette petite étincelle d'amour et d'humanité ou est-ce que nous laissons passer ces opportunités, laissant le monde se refroidir dans ce processus ?

Un homme sage a dit un jour : « chaque société peut se juger par la façon dont elle traite ses membres les moins moins fortunés ».

Vous avez maintenant deux choix :

1. Effacer ou
2. Faire suivre

passez une merveilleuse journée.

vendredi 18 novembre 2016

Les trois bénéfices de la souffrance


Souffrir aussi cela son intérêt. Par la douleur, la fierté est évacuée et la pitié retrouvée à l'égard de ceux qui errent dans le Samsara ; le mal est évité et la bonté semble délectable.

Shantideva cite trois bénéfices de la souffrance.
Le premier : par la souffrance, la fierté et évacuée. Peu importe à quel point nous avons été arrogants et condescendants, la grande souffrance peut nous rendre l'humilité. La douleur d'une maladie sérieuse ou la perte d'un être cher génère une transformation, nous adoucit et nous rend moins égocentrique.

Le second bénéfice de la douleur est l'empathie : la compassion ressentie pour ceux qui errent dans le Samsara. Notre souffrance personnelle nous donne de la compassion pour ceux qui sont dans la même situation. Une jeune femme me disait que lorsque son bébé mourut, elle ressentit une profonde connexion avec tous les autres parents qui avaient perdu un enfant. C'était, à son avis, la bénédiction inespérée liée à sa peine.

Le troisième bénéfice de la souffrance, c'est que le mal est évité et que la bonté semble délectable. Lorsque nous pratiquons conformément aux instructions de Shantideva, nous devenons plus habiles concernant la cause et le résultat. Par cette compréhension, nous sommes moins enclins à blesser, nous avons un désir accru d'accumuler des mérites et de bénéficier aux autres.

samedi 12 novembre 2016

Les mauvais disciples

On les décrit dans la Lucidité Spontanée comme suit :

ils ne montrent ni honneur ni respect, ils pervertissent le mantra secret par leur conduite, ils n'ont ni le sens de la famille, de la lignée ni bon caractère, ils manquent d'intelligence, ils méprisent la bonté et font tout un plat de petites choses. De tels disciples qui ne se remettent pas en question, sont les ennemis d'un Maître

Et l'Omniscient (Longchenpa) a dit :

D'un autre côté, les disciples malchanceux sont à la base de toutes les fautes. Ils n'ont ni foi, ni sens de la honte ou de la décence, peu de compassion, leur famille, leur caractère et leurs comportement reflètent leur mauvaise fortune.

Leurs esprits et leurs actes sont grandement affectés par les cinq émotions empoisonnées, ils brisent les préceptes, confondant dharma et non-dharma, le bien et le mal, ils manquent au respect de leurs vœux de leurs engagements et n'ont pas d'antidote.

Extrêmement stupides et manquant d'intelligence, ils sont difficiles à satisfaire, leur colère et leurs mots déplacés s'accroissent toujours. Ces disciples suivent leur maître avec cinq notions erronées :
ils considérent le maître comme un cerf, l'enseignement comme du musc, eux-mêmes comme des chasseurs, leurs intenses pratiques comme une forme de chasse, et le résultat -l'accomplissement du dharma- comme quelque chose à vendre.

Comme ils ne tiennent pas leurs engagements, ils souffriront dans cette vie et dans la prochaine.

Certains d'entre eux commencent inconsidérément, sans avoir d'abord examiné le maître. Au début, ils parlent de ses qualités et plus tard ils le critiquent.

D'autres ont deux visages, sournois hypocrites, essayant en douce de tirer le meilleur des disciples les plus proches du maître.
De tout cela il résulte une renaissance dans l'Enfer de l'Ultime Tourment.

De tels disciples à la mauvaise destinée, sont porteurs de nombreuses fautes. Ils ont peu de foi et absolument aucune honte à l'égard d'eux même, aucune décence au regard des autres ni de compassion. Ils sont d'une mauvaise famille et on mauvais esprit. Ils se conduisent mal et ont peu de chance. Leurs esprits et leurs émotions perturbantes sont très grossières. Ils brisent les préceptes et confondent les actes positifs et les actes négatifs. Ils n'observent pas leurs vœux et leurs engagements. Ils n'ont aucun contrôle sur leurs émotions perturbantes et ignorent les antidotes. Ils ne sont pas très intelligents et difficiles à contenter. Ils sont coléreux et hurlent pour des broutilles. Ils sont naturellement assidus dans les activités étrangères au dharma. Ils trahissent le Bouddha, déshonorent le dharma et détruisent la sangha.

Lorsqu'ils cherchent les enseignements du maître, comme leurs esprits ne sont pas absolument pas en paix, il blessent et méprisent tout le monde, comme des chasseurs. Ils pensent : « mis à part le fait que je reçois cette transmission particulière de sa part, le maître à tel défaut et commet telle erreur, il n'est pas meilleur qu'un animal » et, se considérant meilleur que les autres puisqu'ils ont reçu l'enseignement, il considèrent ce dernier comme du musc. Avant même d'avoir fini de recevoir l'enseignement, il le transmettent et le vendent, comme une faveur pour les autres, parce qu'ils le méprisent, ou contre une maigre récompense. De tels disciples seront malchanceux dans cette vie et dans la prochaine, ils erreront dans les royaumes inférieurs, comme cela est expliqué dans le commentaire sur le Tantra qui Établit les Trois Engagements :

Ceux qui critiquent un maître adamantin du mantra secret, qui abusent le dharma et l'échangent contre des richesses, qui, bien qu'ils connaissent les engagements, les observent pas, n'auront qu'une courte vie, souffriront du déclin de leur splendeur, de leur chance et de la punition des dakinis.
Dans la prochaine vie, il tomberont dans les royaumes inférieurs.

En premier lieu, le maître et le disciple ne s'acceptent mutuellement qu'après s'être examinés l'un l'autre. Puis, bien que les disciples, par un effet de nouveauté, puissent faire preuve de respect et faire des cadeaux au maître, ils se mettent en colère pour des broutilles de circonstance, devenant insultants et grossiers. Même s'ils restent seul, il trouveront à redire aux plus petites choses et décourageront tous les disciples les plus proches du maître. Certains disciples peuvent louer leur maître en leur présence, faire faussement preuve de dévotion, bien qu'il n'y ait dans leur esprit ni foi ni respect. Ils font secrètement usage de leur habileté pour jouer la comédie.

En raison de cela, et parce qu'ils critiquent leur maître, les conséquences négatives sont sans limite comme le montrent les Cinquante Versets :

Qui endurera les enfers terrifiants,
L'Enfer de l'Ultime Tourment et les autres ?
Ceux qui disent du mal du maître :
Comme il a été bien expliqué, c'est là qu'ils demeureront.

C'est pour cette raison que le maître et le disciple doivent d'abord s'examiner minutieusement et ne rien commencer sans d'abord en délibérer. Comme le précise le même document :

Comme le maître et le disciple
Rompront également leurs engagements,
Le brave doit d'abord vérifier la connexion
Entre maître et disciple.

Si cela n'apparaît pas sur une courte période, alors, comme le Tantra explicatif du Collier de Diamants le dit, il leur faudra se tester l'un l'autre pendant une longue période :

L'examen peut durer jusqu'à douze ans.

Un tel examen doit être engagé avant que toute connexion soit faite par la transmission ou l'enseignement. Mais une fois que l'on a reçu une transmission ou un enseignement, même si nos maîtres ont brisé leurs vœux en commettant chacune des quatre pires fautes, il est déplacé de les juger, de perdre la foi ou autre, il ne reste qu'à les considérer comme méritant dévotion et respect. Comme il est dit :

Si vous ne considérez pas comme vos maîtres
Ceux dont vous auriez entendu un seul verset,
C'est en chien que vous renaîtrez une centaine de fois,
Et en exclu que vous prendrez vie.

- Dudjom Rinpoche - Une Torche Illuminant la Voie de la Liberté

jeudi 10 novembre 2016

La pratique du cœur (qu importe la religion)...

Il était un Sheikh qui enseignait Aqeedah (la foi) à ses étudiants. Il leur enseigna «La ilaha illa Allah »* et leur en expliqua le sens.

Le Sheikh aimait les animaux, alors un de ses étudiants lui fit cadeau d'un perroquet. Au fil des jours, le Sheikh commença à s'attacher au perroquet.
Il était présent pendant les leçons, jusqu'au jour où le perroquet sut dire : «La ilaha illa Allah » et le cria jour et nuit. Un jour les élèves trouvèrent leur Sheikh en larmes.

Lorsqu'ils lui en demandèrent la raison, il dit qu'un chat avait attaqué le perroquet et l'avait tué.

Ils dirent : « c'est la raison pour laquelle tu pleures ? »… Si tu veux, on t'offre un perroquet encore meilleur que celui-là.

Le Sheikh dit : « je ne pleure pas cause de ça… Ce qui m'a fait pleurer c'est quand le chat a attaqué le perroquet. Il a hurlé jusqu'à ce qu'il meure.
Pourtant, il savait parfaitement dire «La ilaha illa Allah » et là, attaqué par le chat, il a oublié de le dire. Il n'a fait que crier ! C'est parce qu'il ne le disait qu'avec sa langue, et que son cœur ne l'avait pas appris, donc qu'il ne le ressentait pas !

Puis le Sheikh dit : « Je crains d'être comme ce perroquet : nous passons notre vie à répéter «La ilaha illa Allah » avec nos langues mais lorsque la mort arrive, nous l'oublions parce que notre cœur ne le sait pas.

Lorsqu'il dit cela, ses étudiants commencèrent à pleurer, de crainte d'un manque d'honnêteté dans leur récitation du «La ilaha illa Allah »

Puisse Allah mettre «La ilaha illa Allah » dans nos cœurs et sur nos langues avant et pendant notre mort.

* "Il n'y a que Dieu et Dieu seul"